jeudi 11 octobre 2012

Infos santé-Indemnisations du Médiator


Indemnisations du Médiator

La mise en place d’un système d’indemnisation des personnes atteintes de valvulopathies associées à la prise de Médiator a conduit, pour l’instant, à peu d’indemnisations. Et ce n’est pas franchement étonnant.

La révélation par le Dr Irène Frachon des accidents liés à la prise de benfluorex, le Médiator, a mis en évidence en France les failles de nos divers verrous de sureté. Cette affaire a mis au jour également le manque d’indépendance de certains experts et les liens d’intérêts souvent trop proches entre experts et industriels de l’industrie pharmaceutique.
Mais elle a surtout conduit à une énorme bagarre de chiffres sur le nombre de victimes potentielles, décédées ou encore vivantes mais porteuses de lésions des valves cardiaques, des valvulopathies, sévères.
Des milliers de dossiers ont été ainsi envoyés vers l’ONIAM, l’organisme chargé de déterminer le montant d’éventuels dommages imputables au Mediator.
Et les premiers retours sont loin des espérances des personnes qui ont déposé des dossiers et loin des espérances de leurs avocats également.
Plus de 8 dossiers sur 10 ne passent pas le cap de la reconnaissance de préjudice.
Faut-il en être surpris ? Pas vraiment.
Les atteintes des valves cardiaques sont des pathologies fréquemment rencontrées dans la population à partir de la soixantaine. Fréquente également chez les diabétiques en surpoids.

Ces lésions peuvent être ‘silencieuses’ c’est-à-dire ne pas provoquer de symptômes, comme des essoufflements.
L’examen de choix est l’échographie et il y a des critères très précis, définis depuis peu, qui caractérisent la prise de Médiator :
(Épaississement linéaire valvulaire et sous valvulaire mitral ou sigmoïdien)
Mais force est de constater que dans les dossiers reçus ces critères sont exceptionnellement rencontrés et que l’imputabilité des lésions au Médiator est très difficile à faire.
Le retentissement fonctionnel est également souvent inexistant ou très faible et très en deçà du niveau retenu par la commission d’expertise.
Qu’en conclure ? Sûrement pas que les experts sont corrompus, car ils sont sept et il y a des magistrats et des médecins de spécialités diverses réunis. Il faudrait que le corrupteur soit très puissant !

Mais pas non plus que Servier a raison en minimisant les conséquences de l’action du Médiator.
Ce produit est de la même famille que certains dérivés d’amphétamines, comme l’Isoméride ou le Pondéral, dont on sait qu’ils ont causé des lésions cardiaques et pulmonaires par le passé.
Ce produit a vu sa prescription dériver de façon scandaleuse sans, d’ailleurs, que les médecins prescripteurs en faute administrative soient inquiétés.
Et des études épidémiologiques sérieuses et bien construites ont modélisé les conséquences de la prise du produit chez des personnes atteintes de valvulopathies sévères.
On estime à 1300 le nombre de décès imputables au Médiator de puis sa commercialisation.
La grande difficulté dans ce dossier c’est qu’on manque de marqueurs fiables et suffisamment indiscutables pour indiquer une imputabilité. Et les atteintes valvulaires légères peuvent n’avoir quasiment aucun retentissement sur la vie de tous les jours.
Les cas les plus sévères ont été opérés à une époque où le lien entre Médiator et valvulopathies n’était pas encore affirmé.
Il faut donc se garder de tout manichéisme et laisser travailler l’ONIAM. On verra, en fin d’examen de tous les dossiers, quelle peut être la part du Médiator dans l’apparition ou l’accentuation de lésions valvulaires.


Source docteurjd.com (blog santé de jd flaysakier)

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